Bonne fête de 1er Mai

Il est revenu, le temps du muguet et les mots se terminant par UET

Mignonne tradition que le jour du 1er mai qui ne passe pas sans son brin de muguet. Cette habitude que l’on a adoptée chez nous, en Ardenne, a une histoire… écoutez plutôt !

Il était une fois en Amérique…. En 1884, les syndicats ouvriers américains veulent faire valoir aux patrons la limitation de la journée de travail à huit heures. C’est en 1886 que 200 000 travailleurs parviennent à leurs fins grâce à la pression syndicale. En 1889, date centenaire de la Révolution française et année de l’exposition universelle de Paris, la IIe Internationale socialiste se réunit dans la capitale française. On y prend la décision de faire de chaque 1er mai un jour de manifestation pour la journée de huit heures. Au fil des années, cette date s’est enracinée dans la tradition de la lutte sociale des ouvriers.

Sous l’Occupation allemande, en 1941, le 1er mai est officiellement consacré jour de la Fête du travail. Et paradoxalement, le jour où l’on fête le travail est un jour chômé dans la plupart des pays, avec possibilité, pour les mouvements socialistes, de réaffirmer leur ancrage à gauche au cours de manifestations diverses.

Aujourd’hui, on a tous pris l’habitude, simplement, d’offrir un brin de muguet le 1er mai.

Or, ce n’est que depuis le début du siècle que muguet et fête du travail sont si intimement liés. Lors des manifestations sociales, parfois sanglantes et meurtrières, de la fin du XIXe, siècle, les ouvriers portent à leur veste un triangle rouge, symbole de la division de la journée en trois 8 : huit heures pour le travail, huit heures pour les loisirs, huit heures pour le repos. Ensuite, le triangle a été remplacé par la fleur d’églantine, symbole de la foi en la révolution. Il y a peu, à son tour le muguet a remplacé l’églantine. Cette fleur, qui annonce le retour du bonheur, présageait, au niveau social, l’espoir des conditions de vie meilleure ! Depuis lors, en souvenir des luttes sociales ou, de plus en plus, par souci de porter chance, on ne passe pas un 1er mai sans un brin de muguet !

Cependant, cette date du 1er mai est porteuse de promesses depuis la nuit des temps.

Dans l’Antiquité déjà, ce jour était consacré au culte de la déesse des parcs et des jardins, Flore. Chez les Celtes, le 1er mai coïncidait avec le début du premier semestre de l’année. Se parer de fleurs fraîchement cueillies avait la réputation de porter chance. Les druides faisaient des incantations et on amenait les troupeaux près du feu afin de les protéger contre les épidémies. Au Moyen âge, le mois de mai était le mois des accordailles qui mettaient un terme à l’hiver. Le jeune homme déposait un brin de muguet au-dessus de la porte de la bien-aimée pour lui porter chance et amener la fertilité. Dans les pays nordiques et anglo-saxons, le 30 avril commençait la fête de Beltane, qui annonçait le soleil chaud des mois d’été.

Mais savez-vous que cette fleur très vivace, que l’on voit pousser dans nos sous-bois ombragés, vient du Japon et est arrivée chez nous au Moyen âge ? Le muguet, dans le langage des fleurs, symbolise le bonheur. Il porte chance. Nos parents connaissent les endroits et certains gardent encore précieusement le secret. Cette fleur qui dépose un doux parfum couvrait, racontent-ils, les odeurs nauséabondes des étables de leur enfance. Certains l’utilisaient pour soigner le cœur, mais tous connaissent les pouvoirs très toxiques de la fleur.

De plus, le muguet a la particularité d’éloigner les lapins et autres rongeurs ! En Ardenne, nous sommes superstitieux. Soucieux d’assurer la chance à ceux que l’on aime, et la fécondité aux femmes que l’on chérit, on prend bien soin de n’offrir qu’un brin bien fleuri ! Le plus chanceux aura treize clochettes à son brin… Soyez vigilants !

Si le caractère social de la tradition a tendance à s’effacer, le brin de muguet, lui, embaumera encore souvent le 1er jour de mai…

Céline Lahaye

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