Pour rappel, les mots écrits en rouge restent interdits au scrabble. Il y en a plusieurs centaines et certains me semblent mériter une attention particulière de la part des sélectionneurs de mots pour les futurs ouvrages de référence.

Les mots écrits en vert jadis interdits sont actuellement acceptés. Il y en a plus d’une cinquantaine, ce qui prouve à quel point Hergé était en avance sur son temps.

Au tout début du site, en 2002, j’ai relevé dans les albums de Tintin les mots plus ou moins incongrus (que j’appelais bulles par analogie avec les défauts minimes qu’on trouve parfois dans le cristal) et les ai présentés dans une longue série d’articles disparus à l’occasion de la nouvelle mouture créée fin février 2016.

Les commentaires dataient en général de l’époque où les scrabbleurs jouaient avec l’ODS 3.

Que de changements depuis.

Je me propose de vous représenter une partie de mes anciens commentaires en les adaptant en fonction des nouvelles entrées de l’O.D.S. et d’une relecture plus attentive des ouvrages de Tintin. (Je ne reprends pas les autres ouvrages d’Hergé, Jo et Zette , Quick et Flupke et les autres).

Commençons par diverses exclamations de tristesse ou de douleur voire de début d’éternuement!

AAAA

AAAAA

AAAAAA

AAAAAAA

AAAAAAAAAAAAH Cette exclamation d’allégresse du capitaine Haddock qui retombe dans l’euphorie tant attendue après une trop longue privation de whisky lors du voyage vers la lune justifie ces 12 A successifs. Mais cette abondance de A dépasse largement ce qu’un joueur de scrabble peut déposer sur la grille qui accepte au maximum huit A et deux lettres blanches.

Les onomatopées ou autres mots ayant trop de A, H, I, M, R ou Z (même avec les lettres blanches) seront oubliées. De même les mots mal prononcés par exemple par les individus ivres, porteurs d’un baillon ou sans dentier, et les mots en « arumbaya », bordure, « syldave », russe, allemand, italien, anglais, « sondonésien », … sauf quelques mots me semblant entrés dans le vocabulaire international.

AAAAAAAAAAH Le cri de douleur intense en pleine nuit d’une victime de Rascar Capac et des sept boules de cristal ne compte que 10 A et est jouable s’il est possible de prolonger par exemple le mot AAAAA encore inexistant dans l’O.D.S. J’imagine déjà le brouhaha dans la salle si tous les A et les deux lettres blanches disparaissent en deux coups.

AAAAAAAAAH

AAAAAAAH

AAAAAH

AAAAH Les pompiers anglais de l’ouvrage « L’île noire » à la recherche de la clé de leur garage sont arrosés d’œufs de pie et lancent des AAAAH avec  4 A en noir et blanc mais seulement 3 en couleurs. On constatera souvent un vocabulaire différent selon les éditions des ouvrages, ce qui explique peut-être certains oublis de ce long lexique.

AAAARH

AAAAHM

AAAH

AAAHH

AAAIE

AAAIIE

AAAOUAAH

AAAW

AAH

AAHH

AAOUHH

ADIOS « Adios » que prononce surtout Alcazar, bien qu’absent de nos dictionnaires, se dit, du moins en Belgique, assez fréquemment. Et ce mot s’utilise particulièrement au moment de quitter une assemblée de personnes surtout francophones si l’on n’a pas envie de faire la bise ou de serrer les paluches de tout le monde. Vous levez le bras et dites « Adios, les amis ! »

C’est une manière moins discrète, plus sympathique et à peu près aussi rapide que de filer à l’anglaise ! Est-ce encore une habitude gardée en Belgique depuis l’occupation de nos régions par les Espagnols ? Qui sait ?

Mais attention, ce mot très international, on ne peut toujours pas le jouer au scrabble. Ciao et Bye semblent avoir eu plus de faveur !

AGUARDIENTE La présence de cette boisson dans le Petit Larousse est postérieure à la rédaction de l’album L’Oreille Cassée et est reprise dans Les Sept Boules de Cristal, plus récent.

Pendant longtemps les scrabbleurs ne pouvaient donc pas jouer ce mot aguardiente qui n’avait d’ailleurs que fort peu de chances de se placer sur la grille. Il est en effet très rare de jouer au scrabble des mots de onze lettres.

Notons toutefois que le mot est renseigné dans le Grand Robert comme rencontré en 1853 dans un ouvrage de Théophile Gauthier. Il lui donne une origine espagnole. Le Petit Larousse y voit une origine espagnole ou portugaise.

L’aguardiente, un parfait brûle-gueule, sans être populaire, se trouve à présent dans la plupart des rayons eaux-de-vie du moindre « Aldi ».

On fabrique de l’aguardiente en Amérique centrale et du Sud, mais aussi en Espagne.

Dans mon récit « Ultreia » à nouveau présent sur le site, j’en parle à propos d’une curieuse « queimada » espagnole assez cocasse en l’honneur de la fête de Saint Jacques.

Au Venezuela, l’aguardiente a une teneur dépassant 80° d’alcool. A voir la tête de Haddock, lorsqu’il ingurgite ce « destop »,  je ne serais pas surpris que ce soit celui-là que lui offre Alcazar.

A votre santé, mais moi, non merci, je préfère un jus d’orange ou un verre de rhum.

AHW

AIEIH

AIIE

AIIII

AIIIIE

AL (DENTE) Certes, « al dente » est de l’italien, mais pour désigner des pâtes cuites à la perfection, on n’a pas encore trouvé d’équivalent dans la langue de Voltaire.

Ces mots sont prononcés par la diva Bianca Castafiore dans Tintin et les Picaros alors que prisonnière, elle n’hésite pas à jeter ses pâtes à la figure du gardien en les réclamant « al » dente. Le gardien est à ce point médusé qu’il ne referme même pas la cellule.

Pas de « al » mais bien denté dans les dictionnaires, avec bien entendu un tout autre sens.

ALEIKOUM Avec les migrations récentes, ce mot très exotique et incongru en Belgique dans mon enfance perd de son exotisme et rentre de plus en plus dans les salutations entendues entre personnes baragouinant pourtant en français. Les traditions de salamalecs ne se perdent pas vite.

ALL (RIGHT)Une des expressions favorites d’Hergé qui l’utilise de façon curieuse comme on l’a déjà vu dans le premier épisode quand il parle aux Dupondt et ici dans l’illustration choisie quand il s’adresse à des assaillants péruviens qui ne comprennent certainement rien à ses paroles. Il suffira qu’il tire pour faire comprendre beaucoup mieux son appel à démarrer.

ALLAH Dieu est admis au scrabble. Christ, Jésus, Apollon, Arès, Atlas, Bouddha, Eole, Hercule, Hermès, Mercure, Métis, Pan, Pluton, Sol, Vénus, Vulcain, Zéphyr et Manitou aussi. Allah, impossible tant que ce nom propre ne sera pas en plus un nom commun ! Morphée, Brahma, Vishnou et Krishna de même.Et depuis peu, Satan qui n’a rien de divin, il est vrai, mais qui a aussi son culte, vient même d’entrer dans l’O.D.S.

AMIGO signifie ami en espagnol. Mais amigo, en langue française de Belgique, a aussi une autre signification. Il veut dire cachot de police. L’origine du mot amigo en français date de l’occupation de nos provinces belges par les troupes espagnoles. Rappelez-vous vos cours d’Histoire : Charles-Quint quitte le pays, meurt en Espagne, puis Philippe II lui succède, reste en Espagne et nous envoie le sinistre duc d’Albe unanimement détesté dans nos provinces.

L’amigo était le réduit où l’on plaçait les vagabonds et les personnes ivres pour passer la nuit. Les occupants espagnols auraient confondu deux mots flamands très voisins de consonance, probablement mal baragouinés par des poivrots amenés en ces lieux. N’oublions pas qu’à cette époque, la majorité des habitants de Bruxelles ne parlaient que la langue flamande, une langue aux dialectes et à la prononciation qui jadis variaient parfois nettement tous les dix kilomètres. Il a fallu attendre l’influence de la radio puis surtout de la télé pour améliorer sensiblement cette cacophonie flamande. Mon grand-père maternel originaire de la banlieue flamande de Bruxelles et élevé en flamand jusqu’à sa majorité avait du mal à comprendre certains flamands de la côte belge et en arrivait dans les années cinquante à préférer leur parler en français.Le premier de ces deux mots confondus par l’occupant signifiait ami (vriend) et l’autre signifiait espace fermé (vrunte). Cet espace fermé a été traduit amigo.

Il est probable que ce mot amigo serait pour de bon tombé dans l’oubli si un hôtel des plus luxueux ne s’était établi sur le site de l’ancien amigo du centre de Bruxelles et n’avait choisi pour enseigne le nom d’amigo.

Si vous désirez visiter les nouvelles cellules, certainement plus soignées et plus spacieuses qu’à l’époque, dites-vous bien qu’elles se louaient plus de 330 euros la nuit en 2002 pour une personne, ce qui est certainement plus cher que l’amende infligée par les sbires du duc d’Albe aux hébergés de cette période.

Longtemps ignoré des petits dictionnaires d’usage courant, le mot amigo est entré dans l’officiel du scrabble, l’O.D.S. Grâce au scrabble, de tels belgicismes entrent dans le vocabulaire de milliers de francophones partout dans le monde et deviennent ainsi de moins en moins des belgicismes. Et pour preuve de cette affirmation, j’ai entendu Mélenchon parler en 2016 de carabistouilles dans l’émission On n’est pas couché. Mélenchon serait-il scrabbleur ?

L’origine régionale française de nombreux mots entrés dans les dictionnaires est rarement soulignée. Voyez à cet égard la remarquable étude de Henriette Walter : « Le Français d’Ici, de Là-Bas et d’Ailleurs » où la brillante philologue relève un grand nombre de régionalismes. Curieusement, beaucoup de ces mots se retrouvent dans les « petits dictionnaires » sans mention du régionalisme.

Voilà qui réconforte le lecteur belge qui s’étonne parfois de trouver dans les petits dictionnaires et dans l’O.D.S. tant de mots parfois même accompagnés de la mention « familier » qui lui sont parfaitement inconnus. Cette propagation est-elle un bien? J’en doute au moins pour le verlan, ces keuf, teuf, donf que des feuilletons populaires et le rap diffusent à mon sens abusivement.

ANGLICHE Terme peu élégant pour désigner un personnage de nationalité anglaise. Le mot était absent du Petit Larousse en 1968 lors de la publication de Vol 714 pour Sydney et plus tard au début du scrabble duplicate. On peut à présent le jouer.

ANIOTA Ce mot sort de Tintin au Congo. Vous vous en doutiez, hein ! Vous êtes aussi un boula-matari !

Bien qu’ils soient connus depuis la fin du XIXè siècle, c’est en 1919 seulement que l’administration coloniale soupçonna les membres de la secte anioto ou anyoto (Hergé parle d’aniota) d’être les assassins de si nombreuses victimes apparentes de léopards.

Anyoto viendrait d’un verbe nyoto qui signifie griffer, mais la légende parle aussi d’une Aniota qui aurait été une instigatrice de la secte.

Pendant longtemps on avait cru que les hommes-léopards adeptes de la redoutable secte occulte Anyoto, n’avaient pour cible que les noirs hostiles à la tradition et à l’indépendance, ou trop enclins à coopérer avec les colons. Parmi les victimes, on n’a jamais recensé un blanc.

Cette secte sévissait surtout dans l’est du pays dans la région des Babali du Haut Aruwimi.

Le peu que l’on connaît de cette société secrète des Anyotos, c’est qu’une fois initiés lors d’une cérémonie Mambela, les jeunes recrues, pour montrer leur détermination, devaient tuer un de leurs  proches, homme, femme ou enfant, en faisant simuler une mort par le léopard.

Les Anyotos étaient connus de la population qu’ils terrorisaient mais qui faisait cependant souvent appel à leurs services pour agir en tant que justiciers.

L’administration coloniale belge lutta contre cette secte qui risquait de déstabiliser le système mis en place des chefferies.

Dans les mois qui précédèrent l’indépendance décidée du pays, très curieusement, le mouvement reprit une ampleur inattendue. Ils assassinèrent rituellement d’importants leaders nationaux. Il paraît que le mouvement n’est plus qu’un lointain et mauvais souvenir.

Le costume de l’anyoto, je le connaissais avant de lire Tintin au Congo pour avoir visité le musée du Congo devenu musée de l’Afrique Centrale à Tervuren (Tervueren en français à treize kilomètres au Nord-Est de Bruxelles). Hergé a peut-être pris des esquisses pour ce costume d’homme-léopard d’après la sculpture exposée dans le musée.

Si vous n’avez jamais visité ce merveilleux musée, dès que sa rénovation sera terminée, prenez donc une après-midi de détente, empruntez depuis Bruxelles l’avenue de Tervueren, la plus belle avenue de Bruxelles, qui vous mène, on s’en serait douté à Tervuren après avoir traversé une partie de la forêt de Soignes.

Au bas de la longue descente une nouvelle entrée  vous accueillera en fin 2017 ou début 2018, le musée étant en rénovation et agrandi d’ici là.

AOH

AOOH

AOUAH

AOUH

AOUUW

AOUWWW

ARRIVEDERCI On songe immédiatement à la chansonnette Arrivederci Roma rendue célèbre mondialement par Mario Lanza, Nat King Cole, Dean Martin et Tino Rossi, puis par des tas d’autres vedettes comme Dalida et Barzotti, au point que cette exclamation est devenue une interjection internationale ! On accepte ciao, alors pourquoi pas arrivederci ?

AT « AT » HOME Cette expression anglaise est tellement utilisée qu’elle est devenue internationale ! On la retrouve en page 22 de Vol 714 pour Sydney. Pas de « at » dans les dictionnaires. Home y est bien sûr.

ATERRIR En 1929, à l’époque où Hergé a publié ce qu’on juge actuellement une faute d’orthographe impardonnable, et certainement encore bien plus tôt lorsqu’il dessinait l’illustration, on n’en était au fond qu’au début de l’aviation civile et on amerrissait plus souvent en raison de la rareté des pistes pour se poser.

On n’a jamais eu l’idée de mettre deux m à amerrir  ni même deux l à alunir. Et si des romans faisaient déjà alunir (avec un seul L) des engins sur notre satellite, pourquoi ne pas « aterrir » avec un seul T ? Et surtout pourquoi devoir atterrir avec deux T et amerrir avec un seul M ou alunir avec un seul L ?

Dans le Sceptre d’Ottokar, un peu plus tard, l’avion emprunté par Tintin atteignant Prague atterrissait avec deux T !

Atterrir existait déjà au XIVè siècle mais signifiait remplir de terre ou s’il était utilisé pronominalement se remplir de terre (l’étang s’atterrit). Puis, en 1686, les marins utilisaient le mot pour toucher terre et le siècle suivant, les aérostiers lui donnèrent le sens de prendre contact avec le sol. Mais le mot jugé peut-être trop spécialisé était absent de plusieurs dictionnaires courants du début du XXè siècle où le verbe se poser semblait suffir.

Tiens, mon dernier Petit Larousse date de 1988, ce qui fait 28 ans. Si Hergé a consulté un Larousse vieux de 28 ans, il ne pouvait trouver la bonne orthographe.

AVANTI est une interjection italienne tellement connue internationalement que la marque d’auto américaine Studebaker peu avant de disparaître a choisi ce mot pour le dernier modèle de la marque très en avance esthétiquement sur ceux de la plupart de ses concurrents. Un film avec Fernandel « Avanti la musica » a probablement contribué à populariser ce mot.

AYAAAH

AYAYAH

AYE

BA En Afrique centrale, ce mot désigne les hommes, ce qui explique que de nombreuses tribus portent des noms commençant par le son BA comme les « baluba » qui sont les plus connus des « luba ». Pas surprenant que le jeune Hergé ait choisi d’accorder la dignité de roi des « Ba Baorum » à un personnage de Tintin au Congo dans la version en noir et blanc.

Le mot ba est entré dans l’O.D.S. mais avec une signification africaine différente plus nordique.

Dans l’Egypte antique, le bâ et le kâ formaient l’être humain.

BADABOM

BADABOUM

BAF

BAGADIGUDOUG

BAM

BAOUM

BASTA Interjection italienne de dépit entrée depuis longtemps dans le vocabulaire international. Je verrais bien ce mot faire une entrée dans un prochain O.D.S. Et si ce n’est pas le cas, je dirai « Basta ! »

BAXTER Certes, Hergé ne parle pas de goutte-à-goutte et a choisi ce nom comme nom propre pour désigner le patron de Tournesol dans le centre « syldave » préparant la fusée lunaire.

Le goutte-à-goutte utilisé en Belgique est appelé partout le baxter, dans tous les hôpitaux francophones ou néerlandophones. Personne n’y utilise le mot goutte-à-goutte dont je n’ai appris l’existence qu’à la fin de mon premier tournoi de scrabble quand le mot « baxters »  m’a valu le premier d’une trop longue série de zéros. Je ne pouvais pas imaginer son absence dans le Petit Larousse qui servait d’ouvrage de référence à l’époque.

Contrairement aux Jeeps Mercedes, Toyota et Suzuki, dont personne n’ignore que Jeep est une marque indépendante, peu de patients savaient que Baxter est également une marque, appartenant longtemps à la firme Baxter Travenol. Et ce nom propre double favorisait l’impression que le baxter était un produit de la firme Travenol !

Mais certains produits de marques de grande diffusion et de bonne qualité ont le privilège d’être à ce point auréolés et d’utilisation courante qu’ils deviennent des noms communs acceptant le pluriel.

Aux U.S.A., on vend ainsi des Aspirines Saint Joseph,. En Belgique, on parlera d’aspirines génériques, mais on vend des bics « Parker », « Waterman » ou « Stabilo », on utilise des clarks « Komatsu » et bien d’autres marques même absentes de l’O.D.S. ont ce privilège et cette renommée comme « pampers », « durex », « gyproc », « caterpillar » et « zodiac ». Quelle source de pas mal de zéros.

Dans un Larousse en plusieurs volumes des années 40, on trouvait même le nom commun « volkswagen » !

BÊÊÊK ou BÊÊK Interjections de profond dégoût fréquentes en Belgique surtout pour avertir un bambin que la chose qu’il s’apprête à toucher n’est pas propre. Y ajouter avec insistance le mot caca permet au gosse, après quelques expériences malheureuses, de rejeter rapidement le moindre doute de son esprit dubitatif.

Attention, ces interjections prennent des accents circonflexes contrairement à plusieurs noms de communes ou lieux-dits d’origine flamande se terminant par beek comme Molenbeek, Schaerbeek, Dilbeek ou Neder-over-Hembeek. Beek signifie ruisseau et le redoublement du e rallonge le son qui se prononce comme s’il y avait des accents aigus et nullement bec comme les Français l’imaginent.

BERABERS Dans le Crabe aux pinces d’Or, il est fait mention des Berabers. Et effectivement, selon ce que je lis sur Internet, les Berabers désignés comme tels existent dans les régions montagneuses du Maroc. Aucun dictionnaire ne me confirme cela. S’agit-il d’une variante de berbère ?

BEUH Beuh est entré dans l’O.D.S. 7 mais comme nom commun féminin désignant le cannabis séché tel que mis en vogue par les innombrables drogués probablement trop abrutis et avachis pour prononcer des mots plus élaborés .On accepte même l’orthographe simplifiée sans le h final.

BHOHH

BHOHHH

BHROM

BIBENDUM Le mot  bibendum a été accueilli dans l’O.D.S. 5  Son diminutif BIB ne l’est pas.

Inutile de préciser que tout le monde, en Europe au moins, connaît ce mot  bibendum popularisé par les pneus Michelin et que sa longue absence surprenait tant il est entré dans l’usage pour désigner avec ironie, cruauté ou méchanceté tout personnage ayant de l’embonpoint. Les autres définitions argotiques données par le Grand Robert sont nettement moins connues. Le mot est depuis longtemps du domaine public, non ?

BING

BIR Les dictionnaires ne sont pourtant pas avares de noms géographiques d’origine étrangère. Mais le bir ne s’y trouve pas souvent ! Dommage. Il y a peut-être encore trop peu de touristes à s’aventurer dans le désert (qui ne serait plus désert s’ils étaient nombreux).

Notez le jeu de mot Bir El Ambik : le lambic ou lambick, bière belge, est à présent accepté au scrabble et on en trouve même en France. L’O.D.S. sert-il de pub indirecte ?

Vous serez surpris de voir dans de très anciens Larousse que le mot « byrrh » y a trouvé place. C’est bien le cas dans l’édition de 1922 que je possède. Je ne l’ai pas retrouvé dans des éditions de ma génération, peut-être à cause de protestations des propriétaires de la marque. Pernod n’a semble-t-il pas réagi de la même manière. Martini non plus, quoique dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis et le Canada, le martini est un terme générique désignant n’importe quel cocktail et non une marque connue. « Voulez-vous un martini ? » « Oui, donnez-moi de la vodka orange. » Cela ne choquera personne ! Voilà qui justifie parfaitement la présence de martini dans les dictionnaires. Tiens, j’ai eu plusieurs fois l’occasion, en arbitrant, de donner des zéros pour « Suze » et pour « Cynar ». (Non, non, je ne touche rien pour cette pub ! Mais si vous travaillez dans ces firmes et voulez m’envoyer quelques bouteilles, pas de problème !)

Par contre, retenez que « Cointreau » et « Bagagerie » qui se trouvaient dans l’O.D.S. 2 ont été retirés et ne peuvent être admis au scrabble ! « Zodiac » et « Placoplatre » ont disparu également. Une valse hésitation a rejeté provisoirement la williamine réapparue dans l’ODS 7.

Tintin, on peut le jouer, rassurez-vous. Spirou aussi, d’ailleurs.

BLABLABLA Assez étonnante, à mon sens, l’absence de cette interjection dans les dictionnaires. Dans le langage au moins verbal, ce mot est utilisé souvent et compris de tous.

Certes, le nom commun blabla est présent dans l’O.D.S. mais quand on lit à quelqu’un un texte particulièrement long et rasant, on se limite souvent aux points essentiels entre lesquels l’interjection blablabla est le mot qui convient le mieux. Qui n’a jamais utilisé ce mot ?

BLAM

BLING

BLOP

BOANG

BOMBAM

BOMMM

BOMRROM

BONBONBON

BONG

BOURJOUI Pour les Soviets, le bourjoui est celui qui n’est pas prolétaire et mérite pour cette seule raison sanctions et mépris général.

BROL

BROUM

BROUMM

BROUMMM

BRROM

BRROOUM

BRRR

BRRROUM

BYE Encore plus bref que « Adios », ce mot d’origine anglaise ou américaine est bien ancré dans le vocabulaire international. Pendant de longues années, les scrabbleurs devaient pourtant se passer du bye qu’on a tendance à dire plutôt deux fois qu’une.

En grimpant dans un arbre sur une branche située à plus de quatre mètres de haut, Tintin se lance sur le ventre d’un sikh comme sur un trampolino pour s’évader, en prenant le risque évident de le tuer, voilà un gag dérangeant, mais entre parenthèses serait-il jugé comique si c’était le sikh qui s’était lançé sur le ventre de Tintin ?

BZZ

BZZRRBZR

BZZZ

CARAMBA Interjection absente des dictionnaires à l’époque où fut créé Coke en Stock et même dans le P.L.I. de 1988.

CESAR Les Césars du cinéma remontent au 3 avril 1976 et Objectif Lune à 23 ans plus tôt en 1953. On ne pouvait donc pas jouer césar aux débuts du scrabble duplicate en 1972,

CHICAGOLAIS Lorsque Tintin doit traverser une rue de Chicago, le trafic est si intense que Milou se met à plaindre tous les chiens « chicagolais ».

Rares sont les grandes villes non francophones dont on retrouve dans l’O.D.S. (ou dans le P.L.I.) l’adjectif s’y rapportant. « Chicagolais » ne s’y trouve pas. Troisième agglomération du pays après vellesde Nex York(19 millions) et Los Angeles(12,9 millions), Chicago avec sa banlieue compte plus de neuf millions et demi d’habitants, deux fois les francophones de Belgique !

Mais il y tant de villes, d’états, de provinces, d’évêchés, dans le monde, que les reprendre tous décuplerait le vocabulaire admis et rendrait le jeu de scrabble insupportable. Et ce qui est vrai pour les noms géographiques vaut pour bien d’autres choses.

J’ai lu avec stupéfaction les propos peu réfléchis de lecteurs de scrabblorama et sur Internet demandant que l’O.D.S. soit exhaustif en toutes matières.

De grâce, non, non et non. Ce n’est pas parce que ces personnes connaissent trois ou quatre mots absents de l’O.D.S. qu’ils doivent faire tapageusement et agressivement des remarques fielleuses et des propositions absurdes.

Je ne tiens pas à devoir jouer avec des adversaires connaissant et jouant les noms des cent cinquante variétés de fourmis françaises, ridicule énumération par rapport aux milliers de variétés de fourmis d’Amazonie ou d’ailleurs. Et les 15,000 variétés de papillons ? Mais il n’y a pas que les fourmis et les papillons. Les sortes d’insectes, d’oiseaux, de rats, d’araignées, de champignons, de crustacés, d’arbres, de lichens, de poissons, de plantes, de roches ou de produits chimiques permettraient pour chacun de décupler le volume de l’O.D.S. Et je ne parle pas de la pléthore de philosophes, de peintres, d’écrivains, de musiciens, de cinéastes, de chorégraphes, de sportifs, de politiciens qui tous peuvent donner lieu à un adjectif et il s’en crée tous les jours.

Les médecins, les biologistes, les chimistes, les juristes, les curés, les philosophes, les astronomes, les physiciens, les archéologues, les historiens, les architectes et tant d’autres ont un vocabulaire bien plus large que ce que peut contenir un ouvrage destiné au commun des mortels, même cultivé. Ne l’oublions pas. Seuls les ignorants peuvent l’ignorer.

Sur Internet, j’ai consulté un dictionnaire canadien qui contient un vocabulaire de trois millions de mots français et anglais, l’équivalent d’une cinquantaine d’O.D.S. J’y ai demandé la définition de quelques bulles d’Hergé et de quelques belgicismes. Inconnus. J’ai demandé ensuite plusieurs mots d’un livre que je lisais sur les croisades, comme tafour, soldat flamand appelé ainsi parce que c’est le nom de l’immense bouclier qu’il portait. Inconnu. J’ai à tout hasard essayé des variantes orthographiques. Inconnues, alors que les tafours sont, lors d’une dispute, à l’origine d’un des plus tragiques incendies de tous les temps qui ravagea une grande partie de Constantinople, faisant pour la première fois des centaines de milliers de sans-abris !

Aie ! Si l’O.D.S. devait être exhaustif, c’est un camion de déménagement qu’il faudrait pour le transporter !

Un scrabbleur s’insurgeait sur le Net à propos de l’absence de certains gentilés et voulait qu’on puisse les jouer tous. Je lui ai suggéré de faire la liste des gentilés des deux millions et quelques agglomérations mentionnées dans Google-map et de les soumettre à la fédé qui vérifiera si sa liste est complète. S’il en liste 400 par jour, son travail s’achèvera dans 30 ans et la fédé mettra probablement le même temps pour ne pas le valider car de nombreuses agglomérations se seront créées entretemps.

CHIENCHIEN Dans Tintin et les Picaros, un Picaro apporte à manger à Milou en utilisant les termes « niamniam » et « chienchien », deux bulles dans la même bulle !

Je passe sur le « c’est bon CHA » qui en offre même une troisième.

N’avez-vous jamais entendu ou même  prononcé de telles paroles bêtifiantes ?

Pourquoi ne retrouve-t-on pas ces termes si courants dans les dictionnaires ?

Trop stupides ?

Regardez la liste de mots aux syllabes se redoublant graphiquement (avec sirligné en jaune les nouveautés O.D.S.7). Il en existe bien d’autres aussi stupides, non ? On accepte TOUTOU. Alors pourquoi rejeter « CHIENCHIEN » et « NIAMNIAM » ?

Outre AA (coulée de lave), qui ne redouble pas une syllabe mais une seule lettre, on relève dans l’O.D.S. :

BABA BANBAN (qui boîte) BEBE BERIBERI (maladie) BIBI BLABLA BOBO BONBON BOUBOU BOUIBOUI

CACA CANCAN CHECHE (longue écharpe arabe) CHERCHER CHICHI CHOUCHOU COCO COUCOU CRACRA CRAMCRAM (graminée épineuse d’Afrique) CRICRI (grillon domestique) CRINCRIN CUCU

DADA DODO DONDON DOUDOU (jeune femme aimée, aux Antilles)

ENTENT

FANFAN FIFI (homosexuel) FLAFLA FLONFLON FOUFOU FROUFROU

GAGA GALGAL,s (tumulus celtique) GLOUGLOU GNANGNAN GOGO GRIGRI

JAJA (pinard) JOJO JOUJOU

KEKE (frimeur) KIKI

LALA (interj.) LOLO LOULOU LULU (alouette des bois)

MAMA MEME MIMI (chat)

NANA NENE NONO (niais) NOUNOU

PAPA PEPE PIPI PIOUPIOU PITPIT (passereau)

QUINQUIN

RAIRAI RENTRENT RONRON

SASSAS

TATA TCHATCHA TESTES TETE TITI TINTIN TONTON TOTO (pou en argot) TOUTOU TRAINTRAIN TRANTRAN TUTU

USUS (droit de jouir d’une chose dont on est propriétaire)

YEYE YOUYOU YOYO

ZIZI ZINZIN ZOZO (niais)

CHINK Expression devenue désuette à caractère raciste désignant jadis le Chinois. Presque toutes les expressions de ce type même encore présentes dans les dictionnaires courants comme « bougnoul » et « youpin » sont expurgées de l’O.D.S. lorsqu’elles visent spécifiquement les Maghrébins et les Juifs. Ce travail fut moins rigoureux à propos des Allemands (boche, fridolin, fritz, schleuh), Américains (amerloque, negro), Italiens (rital), Anglais (angliche) et Chinois (chinetoque) ainsi que des roumis en général. Les policiers (condé, keuf, poulaga, ripou, roussin) et les ecclésiastiques (cureton, ensoutané, ratichon) n’ont pas bénéficié d’une telle bienveillance.

CHORTEN Il s’agit d’un stupa tibétain, un monument commémoratif. Stupa ou stoupa est le mot hindi et chorten est le mot tibétain.

Hergé ne s’est jamais rendu au Tibet mais s’est inspiré de photos du chorten de Rongbuk, paraît-il, pour dessiner le chorten de l’album Tintin au Tibet.

Les quelques dessins du chorten réalisés dans cet album sont tellement beaux qu’ils se gravent dans la mémoire de tous les lecteurs. Le chorten est en outre l’objet d’un gag amusant qu’on ne peut pas oublier. Relisez Tintin au Tibet, ce magnifique album publié à des millions d’exemplaires, et vous verrez que l’œuvre d’Hergé, à elle seule, justifiait l’introduction du mot chorten dans l’O.D.S., même si certains dictionnaires, parmi malheureusement les plus connus, l’oublient encore.

CHULPA Dans le Temple du Soleil, Tintin, Haddock et Zorrino s’aventurent dans la forêt péruvienne et passent leur première nuit à l’intérieur de cette construction assez massive, qui est une tombe inca. Si le chorten tibétain a trouvé grâce aux yeux des rédacteurs de l’O.D.S., la « chulpa », plus imposante mais esthétiquement un peu moins attirante, est restée perdue dans les Andes.

Ce n’est peut-être pas le lieu le plus charmant pour y passer la nuit, mais quand on part dans des régions inhabitées sans même emporter une tente, il faut bien s’y résoudre.

Et si cet endroit peut sembler sinistre à priori, il s’y passe aussi des gags. Rappelez-vous les cauchemars si colorés du Capitaine Haddock, et le lézard qui trouve refuge dans son cou.

Pas encore de « chulpa » sur une grille de scrabble correcte ! Dommage !

CIAO Encore une expression italienne devenue internationale peut-être grâce à la chanson « Ciao ciao Bambino » mise en vogue par Dalida et Ramazzoti et composée par un italo-belge en 1976, vingt ans après l’Affaire Tournesol. Ciao prend souvent la place d’adios quand on veut se quitter rapidement sans de grosses effusions.

CLANG

CLANGGG

CLING

CLOC

CLONGG

CLOP

CLOUC

CODAAAAK

CODAAAK

COT Côt est un cépage entré dans l’O.D.S. 7

COTT

CROA

CROMAGNON Parmi les multiples injures du Capitaine Haddock, quelques-unes sont des noms propres, mais qui sont devenus tellement communs ! « Cromagnon » n’est pas le seul. Il y a aussi « Ravachol », « Vercingétorix » et « Mussolini ». Aucun de ces mots ne sont admis au scrabble. « Cromagnon » s’écrit le plus souvent Cro-Magnon !

CROUI Onomatopée imitant le cri du singe. Elle est présente dans Le Trésor de Rackham le Rouge mais aussi dans les Jo, Zette et Jocko.

CRR

CRRAC

CRRC

CRRR

CRRRR

CRRRRR

CRRRRRR

CRSCH

CUIC

 

DAGADIGUDOUG

DAGODADODOUG

DEGUEDOU

DIGUEDONDAINE

DIGUEDONDON

DIGUEDOUG

DINGELING

DIOS On trouve ce « DIOS » dans l’expression « Madre de Dios » à la page p 34 de Tintin en Amérique.

Certes, les Espagnols utilisent souvent cette expression. Mais il existe un juron fréquent en Belgique : nom de « Dios ». Encore une influence espagnole qui remonterait à leur séjour dans notre pays ? Je l’ignore. Mais l’utilisation du mot espagnol est souvent pour celui qui le prononce, un atténuation du juron. Interdit sur la grille !

DLING

DOM Très longtemps les scrabbleurs amateurs ou non de champagne ont trouvé étrange l’absence dans leur ouvrage de référence du mot dom que Dom Pérignon a bien involontairement fait connaître mondialement.

DOUGODUG

DRING

DRIIING

DRRING

DRRRING

DRRRRING

DRRRRRING

DRRRRRRING

DZIM

DZING

DZINGG

DZINGGG

DZINNG

DZIONNNG

 

(à suivre)